Je réalise des installations cinétiques dans lesquelles le mouvement est exploité pour susciter
des émotions. Je recherche dans les installations en mouvement une gamme de sensations que seul le rythme
parvient à
rendre laissant de côté la simple animation d’objets. Mon objectif n’est pas de faire bouger des formes, mais de
donner une forme au mouvement en transformant l’espace par le déploiement de volumes démultipliés par leurs
ombres
mouvantes.
À travers des rythmes variés, le mouvement interroge la notion du temps par des hésitations, des arrêts, des
accélérations lui enlevant sa mesure. Et par la lenteur du mouvement, je recrée cet état de tension… cette
période
d’attente pendant laquelle s’inscrit l’émotion. Le spectateur convié à déambuler à travers l’installation peut,
par
ses déplacements conjugués à ceux de l’œuvre, vivre l’expérience de la durée et de l’instant, le mouvement
inventant
ainsi la forme du temps. La transformation constante des sculptures perturbe l’espace et déstabilise le
spectateur.
Dès lors, un passage s’effectue de la réalité à la fiction projetant le visiteur en un lieu psychologique
également
instable.
Les sensations que le mouvement provoque relève de l’instinct de survie. En effet, la première perception que
découvre l’humain à sa naissance est le mouvement. Il en ait ainsi de tous les êtres vivants qui détectent le
mouvement en priorité : tout ce qui bouge peut être une proie ou un prédateur. Je tente de créer un
environnement
mouvant qui permette au spectateur de faire remonter en lui ce comportement ancestral de survie : détection,
immobilité, crainte, rythmes cardiaques accélérés et respiration ralentie. Ces impressions sont accentuées par
la
thématique de mes environnements qui traitent souvent de l’enfermement, de la claustration et de
l’envahissement.
La monumentalité de mes installations permet d’absorber dans ses mouvements les déplacements du spectateur et
ainsi
facilite le transfert psychologique devant cette temporalité qui angoisse, fascine, trouble. Étrangement, le
mouvement fige le spectateur, l’oblige à prendre position par rapport à l’œuvre et à l’espace, puis à adapter
ses
déplacements selon ceux de l’installation. Les premières émotions passées, le spectateur après avoir apprivoisé
l’environnement peut se laisser entraîner dans une rêverie hypnotique.
En art public, mes œuvres imitent les mouvements, les formes et les couleurs de la nature. En parallèle à cette
démarche, je réalise des œuvres statiques non motorisées, avec le souci de rendre virtuellement l’impact du
mouvement, en exploitant sa poésie, ou en le décomposant.
I create kinetic installations in which movement is used to appeal to the emotions. I attempt to express a range
of feelings that only rhythm manages to convey. The movement that I create is not the simple animation of
objects,
an attempt to make forms move, but rather my aim is to give form to movement by transforming the gallery with
shapes and altering colours, and I create shadows that take over the space.
With varying rhythms, the movement questions the notion of time through hesitations, stoppings and accelerations
to disrupt its function. The slowness of the movement that I use in my sculptures is indispensable for
recreating
this state of tension, this waiting period during which emotions congeal. Viewers are invited to wander through
the installation and by combining their movements with those of the work, can live the experience of duration,
the
movement, thus inventing a form of time. The sculptures’ constant transformation disturbs the space and
destabilizes the viewer. Right away, a transition from reality to fiction occurs, projecting the visitors into a
psychological place that is also unstable.
The feeling the movement provokes is part of the survival instinct. In fact, the first thing a human being
discovers at birth is movement. This is so for all living beings that detect movement first: everything that
moves
can be a prey or a predator. I attempt to create a moving environment in which the viewer can go back in time to
this ancestral survival behaviour of detection, fear, accelerated heart beat and slow breathing. The themes of
my
environments accentuate these impressions that often deal with confinement and invasion.
Monumentality within sculpture-in-movement is of particular interest to me. It is capable of containing within
its
movements those of the spectator and thus facilitates the psychological transfer of this temporality, which
distresses, fascinates and troubles. Strangely, the movement makes the viewers freeze, obliging them to take a
position in relation to the work and the space, and thus adapt their movements according to those of the
installation. After the first emotions have passed and the viewers come to grips with the surroundings, they can
let themselves be swept up in a hypnotic reverie.
For public artworks, my sculptures imitate the movements, forms and colours found in nature. In parallel to this
approach, I produce stationary, non-motorised sculpture in which I am concerned with expressing the impact of
movement virtually, exploiting the sculpture’s poetry or fragmenting it.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Joëlle_Morosoli
To know more about the artist:
https://en.wikipedia.org/wiki/Joëlle_Morosoli